Auteur : Philippa Gregory
Titre : Deux soeurs pour un roi.
Résumé : " Je serai sombre, française, à la mode et difficile ; vous serez douce,
ouverte, anglaise et belle. Quelle paire nous formerons ! Quel homme
pourra nous résister ? " Tels sont les premiers mots prononcés par Anne
Boleyn à l'endroit de sa soeur Marie quand elle la rejoint, en 1522, à
la cour d'Angleterre. Introduite au palais de Westminster, à l'âge de 14
ans, Marie Boleyn séduit le roi Henri VIII auquel elle donnera deux
enfants. D'abord éblouie par le souverain, elle comprend qu'elle sert
d'appât au milieu des complots dynastiques. Quand l'intérêt du roi pour
elle s'émousse, Anne est chargée de le séduire à son tour. Désir, haine,
ambitions, trahisons. Se déroulant sur quinze ans, cette fresque
historique, racontée à la première personne par Marie Boleyn, dépeint
les rivalités au sein de la dynastie des Tudor. Une histoire qui se
terminera dans le sang.
* * *
Ah enfin ma première LC. Et avec quel livre ! Deux soeurs pour un roi m'avait conquise, il y a des mois de cela. Mais lorsqu'il a rejoint ma PAL, je n'avais pas trouvé le temps de le glisser dans mes lectures en cours. Je suis contente d'avoir attendu, tout de même, puisque c'est l'occasion de partager mes impressions avec mes deux partenaires.
Je ne pensais pas que ça serait aussi addictif, comme histoire. En temps normal, j'aurais mis des semaines à finir ce pavé (il faut savoir que je lis beaucoup de romans en parallèle). Mais j'étais tellement prise par l'intrigue que je délaissais mes livres pour me consacrer à celui-là.
La famille Boleyn est tout juste... fascinante. Je n'ai jamais pris autant de plaisir à haïr des protagonistes. Hypocrisie, fausse estime et mépris, coups bas... Tous les moyens sont bons pour se faire bien voir par la famille royale et gravir les échelons. Non contente d'être présente à la cour, cette famille est arriviste et désire éliminer toutes les têtes qui se trouvent sur son chemin. Elle veut atteindre le trône et l'aura coûte que coûte. Le chef de famille, grand fayot, fraternise avec ses ennemis lorsqu'il voit cela nécessaire. Ses parents sont des pions sur un échiquier ; et ses plus grands soldats ? Les femmes.
C'est fou comme la femme avait une place moindre dans la société. Simple objet, on lui demandait d'être soumise et d'obéir. Son ultime but dans sa misérable existence : se marier et enfanter. Marie Boleyn, l'héroïne, ne sort pas du lot puisque sa famille désire l'utiliser pour atteindre le roi. Ils rêvent éveillés : si seulement Henri VIII pouvait se séparer de la reine qu'on puisse mettre Marie à sa place. Innocente jouvencelle, Marie s'éprend du roi et souffre en silence face à l'injustice de son sort, lorsque le royal personnage finit par se lasser d'elle. Mais les Boleyn sont aveugles à sa détresse puisque seule la fin compte, les moyens pas vraiment ; ils substituent Marie par Anne, sa grande soeur.
A part Marie, tous les personnages principaux sont pourris jusqu'à la racine. Je pense surtout à Anne dont l'égoïsme, la vanité et la mesquinerie supplantent tous ses autres traits de caractère. Dangereuse dame à la langue aiguisée, Anne se distingue tout de même par le fait qu'elle ne se laisse pas faire. Ses buts sont fixés, les dés sont jetés, elle gagnera coûte que coûte.
L'intrigue est vraiment bien menée. Le livre est divisé selon les quatre saisons et s'étale sur plusieurs années. Les parties sont courtes et bien ciblées ce qui facilite grandement la lecture et la rend très rythmée. Le style d'écriture est vraiment magnifique. J'admire la plume de Gregory !
Côté narration, cela se fait à la première personne. Un point très positif puisqu'il permet de se rapprocher de l'héroïne, de mesurer ses sentiments et l'adopter en fin de compte. Marie est une bonne narratrice mais j'avoue que j'aurais bien aimé connaître le point de vue d'Anne aussi. Ça aurait été bien intéressant.
Gregory nous plonge dans l'époque, sans grande peine. Les décors respirent le passé, le dialogue est bien maitrisé. Même les occupations de l'époque sont dépeintes avec beaucoup de talent. On a l'impression de s'y retrouver.
J'ai lu, par contre, que côté histoire, ce n'est pas tout à fait ça. Gregory a pris de grandes libertés avec les personnages, en particulier celui d'Anne. Il s'agit donc d'un livre historique fort romancé. J'avoue que ça m'a un peu refroidi, puisque je pensais au début que c'était une valeur un minimum sûre. Vu que mes connaissances sur la maison Tudor et l'ère Élisabéthaine sont très modestes, j'ai décidé de m'appuyer sur d'autres titres pour me faire une idée sur la question, plutôt que sur le livre de Gregory.
En final, je le conseille donc à tout le monde, du moment à ce qu'on ne s'attend pas à des détails vraiment réels. Les grandes lignes sont là mais le fond de l'histoire et les personnages ne sont pas fidèles à la réalité. ^^
D'autres avis ? Jetez un coup d'oeil à celui du
Chez le chat du Cheschire et de
Bouchon ! :D
Note : 8.5/10
Extrait :
"- Dites à Anne...
Je m'interrompis. Il y avait trop à dire. Je ne pouvais résumer d'un mot
ces années de rivalité suivie de cette alliance forcée, notre amour
sans cesse corrompu par cet irrépressible besoin de surpasser l'autre.
Comment lui déclarer combien je l'aimais et étais heureuse d'être sa
soeur [...] ? Comment enfin lui dire que jamais je ne lui pardonnerais ce
qu'elle nous avait fait quoique je comprisse ses raisons ?
- Quoi ? S'enquit Catherine.
- Dites lui que je pense à elle, répondis-je simplement. Tout le temps, chaque jour, comme toujours."