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Le joueur d'échecs

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Auteur : Stefan Zweig.

Titre : Le joueur d'échecs.

Résumé : "Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire... Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance."

* * *

Je suis vraiment contente de retrouver de nouveau Zweig ! Je suis totalement fan de son style d'écriture. Il arrive à véhiculer tant d'émotions dans ses écrits. Je tire énormément de plaisir de cette deuxième lecture et j'espère bien que ça ne sera pas mon dernier bouquin de lui.

Le joueur d'échecs. Ce titre m'évoquait principalement une partie d'échecs... Je m'attendais à ce que ça soit l'élément principal du livre et que l'auteur s'y consacre mais en fait, c'est beaucoup plus que ça.

L'histoire commence avec la curiosité du narrateur. Il sait qu'un joueur de renommée mondiale se trouve sur le bateau. Mais Czentovic n'est pas commode. Il n'accepte de disputer une partie avec le narrateur et les intéressés que contre une somme d'argent bien ronde. Le narrateur finit par accepter... Le gain est inespéré jusqu'à ce qu'une personne qui passait par là se joigne à la partie. Un certain M.B. Ses conseils sont avisés, on arrive presque à coincer Czentovic. Les amateurs d'échecs sont incrédules. Le narrateur presse le prodige à disputer une partie avec le champion en tête-à-tête mais M.B. refuse en révélant qu'il n'a pas touché un jeu d'échecs depuis vingt années.

Enfin, Zweig accepte de nous dévoiler comment ce monsieur B. est arrivé à acquérir son talent. L'homme était emprisonné par les nazis dans une chambre d'hôtel. Une prison où il n'avait aucune occupation, personne à qui parler. Tout cela pour qu'il flanche et dévoile les secrets qu'il dissimulait. M.B. était menacé par le vide et désespéré jusqu'au jour où il arrive à dérober un livre. Ce bouquin n'est qu'un manuel d'échecs mais c'est ce qui arrive à le sauver. Jour et nuit, il se consacre à ce jeu noble jusqu'à le maîtriser avec brio. Il n'a même pas besoin d'un plateau. Les combinaisons se font dans son esprit. Mais ce jeu qui est arrivé à le sauver de la perte le conduit doucement vers la dépendance, l'obsession et la folie...

Ce livre ne tourne pas seulement autour des échecs. C'est une condamnation des agissements des Nazis qui ne se contentaient pas des tortures physiques mais aussi morales, ce qui est bien pire, à mon avis. Sachant que l'auteur s'est suicidé en 1943 et que cette nouvelle est la dernière qu'il ait écrite, c'est un vrai bijou que l'on a entre les mains. C'est l'appel désespéré de l'auteur, face à l'occupation allemande. J'ai été fort marquée par M.B. J’ajouterai seulement que j'ai beaucoup aimé cette lecture et que je la conseille à tout le monde.

Note : 8.5/10
Citation :
Vouloir jouer aux échecs contre soi-même est aussi paradoxal que vouloir marcher sur son ombre.

Extrait : 
Je n'entendais jamais une voix humaine. Jour et nuit, les yeux, les oreilles, tous les sens ne trouvaient pas le moindre aliment, on restait seul, désespérément seul en face de soi-même, avec son corps et quatre ou cinq objets muets : la table, le lit, la fenêtre, la cuvette.
On vivait comme le plongeur sous sa cloche de verre, dans ce noir océan de silence, mais un plongeur qui pressent déjà que la corde qui le reliait au monde s'est rompue et qu'on ne le remontera jamais de ces profondeurs muettes.
On n'avait rien à faire, rien à entendre, rien à voir, autour de soi régnait le silence vertigineux, un vide sans dimensions dans l'espace et dans le temps. On allait et venait dans sa chambre, avec des pensées qui vous trottaient et vous venaient dans la tête, sans trêve, suivant le même mouvement.
Mais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle.

9 commentaires:

  1. Moi aussi j'ai aimé ce livre et je le conseille vivement.
    Pas encore écrit mon avis... faut vraiment que je m'y mette o_O

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  2. Haha les chroniques en retard, bon courage avec ça. ^^
    Je viendrai voir ton avis dessus !

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  3. Je veux vraiment lire ce livre! Je n'ai jamais rien lu de cet auteur et celui ci m'attire énormément!

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  4. Il vaut mieux tard que jamais ! Zweig est un écrivain très talentueux. J'espère que tu auras l'occasion de le découvrir bientôt :)

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  5. Très belle chronique comme d'habitude ! ;) Ce livre est dans ma PAL depuis trop longtemps, il va falloir que je l'en sorte ^^ (j'adore cet écrivain)

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  6. J'ai pu l'avoir pour 1e sur ma Kindle :) Je le lirais bientôt!

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  7. Merci choulie ! Contente de te voir ici, hihi. Je t'avoue que Zweig me plait aussi beaucoup, il a une plume magnifique, c'est fou ! J'espère que ce petit livre te plaira ! Bisous et bonne lecture.

    Ly : Oh super ! Tu me diras quoi quand tu l'auras lu hein ^^

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  8. Je l'ai lu cette semaine et j'ai vraiment adoré!
    J'ai trouvé l'histoire très prenante et très intriguant!
    Je crois que c'est définitif j'aime bien cet auteur :)

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  9. Bibliophile : Je suis d'accord avec toi ! :D Stefan Zweig est vraiment talentueux !

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